@Atlanticactu.com – La célébration des soixante ans d’indépendance de la majorité des pays africains se poursuit cette année. Après les premiers balbutiementsd’indépendance totale incarnée par les pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine, force est de reconnaître que le continent est encore plus dépendant qu’aux dures heures de la colonisation et avant cela, de la […]
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@Atlanticactu.com – La célébration des soixante ans d’indépendance de la majorité des pays africains se poursuit cette année. Après les premiers balbutiementsd’indépendance totale incarnée par les pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine, force est de reconnaître que le continent est encore plus dépendant qu’aux dures heures de la colonisation et avant cela, de la traite négrière. Ce mercredi 5 août, le Burkina Faso célèbre les soixante ans de son indépendance. Mais, la rue africaine s’élève contre les dirigeants africains. Ils restent à la solde de Paris, estime-t-elle.
« Indépendance cha-cha to zuwi ye ! » [“Indépendance cha-cha nous avons gagné !”] Ces premières paroles du succès des années 1960, œuvre de l’artiste [congolais] Le Grand Pépé Kallé et l’African Jazz, n’a pas pris une ride, faisant toujours le bonheur des nostalgiques de cette période de grand chamboulement politique pour nombre de pays africains. Ces pays qui prenaient, pour la plupart, notamment ceux qui étaient sous colonisation française, leur indépendance.
C’était la fête, ces grandes réjouissances dont les Africains ont le secret, même si, dans leur grande majorité, les populations ignoraient tout du contenu de cette émancipation bien organisée par le colon qui était conscient qu’il pouvait continuer à gouverner ces pays et à gérer leurs ressources naturelles et humaines, par le biais de ceux qui répondaient d’eux.
Les valets locaux de service étant encore plus zélés que le « chef blanc », les arrières du colon étaient donc assurés. Les missionnaires avaient préparé le terrain et surtout les esprits avaient été façonnés à l’école française, les indépendances ne pouvaient qu’être factices. D’ailleurs, tout est resté en l’état, et les pays africains sont demeurés dépendants dans l’indépendance. Le cordon ombilical n’a jamais été totalement coupé avec les anciens colons.
Toujours sous tutelle car soixante ans après, les élites africaines refusent de se battre , de produire et sont aux premières loges pour consommer français
Rien n’a changé ! Économiquement, la monnaie coloniale que les anglais assimilent à une monnaie de singe, reste sous contrôle français, et politiquement, les décisions concernant l’Afrique sont prises à Bruxelles ou Paris. Les objets qui portent l’histoire des Africains sont toujours dans les musées ou collections privées de l’Occident. Même les archives écrites, visuelles ou sonores de l’Afrique sont prêtées aux noirs, quand ils en ont besoin, par les anciens “maîtres”.
Certes, le « retour » des objets culturels et cultuels africains, décidé par Emmanuel Macron, et qui a connu un début de concrétisation, constitue une avancée notoire, mais reste peu de chose à côté de l’Africain nu, dépouillé de sa mémoire, en sus de ses biens. Tout se passe comme si les indépendances ne valent pas plus que ces miroirs, bonbons et autres pacotilles, offerts en son temps aux rois contre des livraisons d’esclaves. Aujourd’hui, la colonisation a mué en coopération et assistance technique, système savamment élaboré pour maintenir les Africains sous tutelle.
Les dirigeants africains, qui crient la souveraineté de leurs pays sur tous les toits, mangent vite leur chapeau quand ça les arrange. Ils sont habitués qu’ils sont à tendre la sébile pour financer les élections, combattre l’insécurité, financer la campagne agricole, lutter contre la faim… Et cela dure maintenant 60 années !
Se débarrasser des liens encombrants, Gbagbo et Abdoulaye Wade qui l’ont tenté ont fini par le payer cher. Si l’ancien président sénégalais a échappé aux geôles, son fils paie à sa place au moment où Laurent Gbagbo acquitté peine à obtenir un passeport ordinaire du pays qu’il a dirigé pendant une décennie
L’ancien président ivoirien écrivait dans ses mémoires , << Quand je suis arrivé au pouvoir en 2000, j’ai trouvé dans le contrat d’exploitation du pétrole ivoirien que la côte d’Ivoire gagne 12% sur un baril de pétrole. Cela signifie en français facile que si on vend un baril de pétrole par exemple à 1000f, la France prend 880f et la Côte d’Ivoire prend 120f ».
Il poursuit, « J’ai jeté un autre coup d’oeil dans les autres contrats des ports, cacao, café, or, diamants et autres. Je me rends compte que c’est le même système de pillage qui existe partout. Un mois après mon élection, j’ai engagé des discussions avec la France pour obtenir des accords égal à égal dans toutes nos affaires. C’est à dire 50% – 50%.». Et le plus grave , reconnaît Gbagbo, « La France a refusé et j’ai vu des gens rougir comme si on leurs annonçait une mauvaise nouvelle et cela a été vu comme une menace pour les intérêts français, voilà pourquoi ils m’ont combattu et ont mis au pouvoir leurs amis qui continuent avec les mêmes faux accords jusqu’aujourd’hui. »
Ceci est valable pour tous les enclos francophones jusqu’aujourd’hui et certains pensent qu’ils sont indépendants. C’est la Françafrique et le néocolonialisme
Fort heureusement, tous les Africains ne sont pas logés à la même enseigne. Le Rwanda par exemple, malgré ces années sanglantes de génocide, la Gambie sous Yaya Jamneh avait quasiment réussi l’expérience en foulant aux pieds le joug colonial, sont des pays africains qui faisaient non seulement la fierté de ses populations , mais du continent noir. C’est le cas aussi de bien d’autres pays, notamment anglophones, qui ont résolument emprunté les sentiers du développement, débarrassés des liens tutélaires encombrants avec l’Occident.
Mais pour les dirigeants de l’ancienne Afrique occidentale française, le chemin pour aller à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine, passe par Paris et peut-être que bientôt, le détour se fera par Pékin, Ankara avec l’influence de plus en plus forte de la Turquie et de la chine en Afrique.
À quand la réelle indépendance ? Celle qui remplacera l’indépendance octroyée pour mieux diviser une Afrique cloisonnée dans des États ? Le continent est peut-être sur la bonne voie, avec l’émergence d’une société civile et d’une opinion qui luttent véritablement pour l’intérêt national, aux antipodes des intérêts égoïstes et très personnels des dirigeants.
Pape Sané
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Source : http://atlanticactu.com/edito-depuis-le-senegal-af...